« La périphérie est la périphérie n’importe où » : la production culturelle dans les périphéries urbaines
Les vers ci-dessus choisis comme titre de notre dossier sont extraits de la chanson “Brasília Periferia”, une composition de l’album Dia a Dia da Periferia de 1994 de Gog, rapper pionnier et considéré comme une ou la référence du mouvement hip hop au Brésil. Cette phrase est devenue un véritable “lieu commun” dans les périphéries urbaines au Brésil, notamment après reprise, par le groupe de rap Racionais MC’s, dans la chanson “Periferia é Periferia” de l’album Sobrevivendo no Inferno, sorti en 1997. Pour nous, cette phrase est loin d’incarner une uniformisation des différences qui signifirait que toutes les périphéries seraient identiques. Au contraire, elle indique plutôt l’identification d’un phénomène global, fruit de la dynamique des modes de production capitaliste. Ces formes de production créent des périphéries partout, y compris au coeur du capitalisme qui se reproduit avec la surexploitation et la précarisation des classes laborieuses dans le monde. Nous pouvons dire qu’il existe une expérience commune dans la construction des sujets périphériques (D’Andrea, 2022).
Faire de la recherche sur les périphéries urbaines n’équivaut pas à suivre un désir colonialiste pour l’exotique, pour l’ensemble des pratiques étranges et surprenantes produites par l’Autre. Les périphéries urbaines sont le centre du développement capitaliste aujourd’hui, là où se concentrent les dystopies mais aussi les utopies contemporaines. Comprendre le monde contemporain, ses contradictions, ses dangers et ses possibilités d’avenir exige une observation attentive de ce qui se passe dans les périphéries urbaines, en particulier (mais pas seulement) celles du Sud global.
Dans ce dossier, nous avons l’intention de rassembler des articles qui analysent les périphéries urbaines à partir de leur production artistique et culturelle. Comme la périphérie/la banlieue n’est pas seulement un espace géographique, mais surtout un lieu symbolique, nous comprenons cette production culturelle de manière large, partant des périphéries urbaines comme référence créative. Cette perspective inclut les différentes formes culturelles, comme le funk, le hip hop, le graffiti, le carnaval, ainsi que le théâtre, la danse, le rock, les arts visuels et audiovisuels, la littérature, les festivités populaires, etc.
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Informations pratiques
- Date limite de soumission des articles : 31 mai 2025
- Les règles générales relatives à la soumission et à la traduction d’articles, sont disponibles à : https://www.scielo.br/journal/vb/about/#instructions
- Date de publication prévue du dossier : mars 2026
>> accéder au site de la revue Vibrant (Virtual Brazilian Anthropology)
Ce dossier est réalisé dans le cadre du projet Inventaire de la production culturelle dans les territoires subalternisés : des formes de survie, de résistance et d’espoir dans les territoires de Plaine Commune et dans la banlieue de Rio de Janeiro porté par Silvia Capanema et Adriana Facina.
Un projet qui bénéficie du soutien de la MSH Paris Nord et du Campus Condorcet dans le cadre de leur appel à projets commun.