Une livraison bien nourrie pour cette première mise en ligne 2025. Dans le Dossier Intimités en migration, Audran Aulanier, Juliette Duclos-Valois, Alice Latouche et Laura Odasso transforment la notion d’intimité en opérateur analytique permettant de comprendre ce que la migration fait aux subjectivités des personnes migrantes, mais aussi, la façon dont, dans des conditions sociales parfois difficiles, les personnes migrantes “font intimité”. Original, cet angle d’analyse éclaire l’intimité sous l’angle des pratiques matérielles qui la produisent, via notamment des modes d’appropriations de l’espace, des objets quotidiens et des mobilités.
Ismael Bechla et Svetoslava Urgese questionnent, dans la rubrique Théories et recherches, les liens entre processus groupal et processus langagier à l’exemple du champ de la santé. Ils nous montrent ainsi comment la construction d’un espace langagier partagé dans des groupes pluri-professionnels, avec le travail des frontières que cela implique, contribue à l’élaboration d’une culture commune en même temps qu’à l’aménagement de repaires singuliers, ménageant des replis salutaires.
Deux articles alimentent la rubrique Premiers textes. Celui de Marion Alves, tout d’abord, en appui à une synthèse des travaux en sciences humaines et sociales consacrés aux relations entre enfants et animaux, pointe la place centrale de ces derniers dans le monde de l’enfance (éducation par et pour les animaux) et suggère, dans la perspective d’une sociologie des socialisations, de se pencher sur la transmission des dispositions envers les animaux en tenant compte de la diversité des instances de socialisation. Celui de Nikita Aleinikov, ensuite, se centre sur l’appropriation des objets techniques, à l’exemple des compétences numériques par les personnes âgées.
Le Grand résumé de l’ouvrage de Michel Peroni, Diptyque. L’enquête, le sociologue et sa grand-mère, discuté par Laurence Kauffmann et Fabienne Malbois d’un côté, et Daniel Bizeul de l’autre, nous emmène sur les rives escarpées de l’identité avec une mise en abyme par des épreuves renouvelées.
La rubrique Découverte/Redécouverte nous offre une réflexion sur la place du mal dans l’analyse sociologique. Brieg Capitaine nous invite à découvrir le texte, traduit par ses soins, Signifier le mal de Jeffrey Alexander, paru en 2013, dans lequel ce dernier nous propose de prendre sociologiquement au sérieux le mal, à le construire comme un objet sociologique comme un autre et à ne pas le situer à l’extérieur de la culture mais en son centre.
Enfin, pour clore cette livraison, une contribution de Joseph Zambo-Belinga vient alimenter le Débat sur les enjeux des sciences sociales en Afrique. Celle-ci s’attache à souligner un déficit d’autonomie des sociologues sub-sahariens dans l’initiative de définition des priorités de recherche à cause de l’attrait que les thématiques retenues par la recherche occidentale continuent d’exercer sur les sociologues locaux.
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