Séminaires | Mémoires postcoloniales et pouvoir d’agir en danse

Issu d’un dialogue entre un artiste chorégraphique, une vidéaste et quatre chercheur·ses en sciences humaines et sociales (anthropologie et études en danse), le projet de création et de recherche Bani-Volta s’inscrit dans une double actualité. Il rejoint, d’une part, des débats anciens mais de plus en plus audibles, tant en Afrique qu’en Europe, sur la question coloniale et ses enjeux politiques contemporains. Il tisse, d’autre part, des liens entre la guerre anti-coloniale du Bani-Volta (1915-1916) qui sert de point de départ au processus de recherche-création et les conflits du présent qui articulent attaques terroristes sans précédents et refus de l’arrogance et des dominations postcoloniales. À l’aune d’une pièce chorégraphique qui interroge et performe non seulement l’archive coloniale mais aussi les récits oraux de cette guerre et d’une série documentaire qui retrace l’ensemble de ce processus de recherche-création, Bani-Volta entend constituer un espace réflexif et dialogique pour penser « en actes » les mémoires de la violence coloniale ainsi que les récits contemporains qu’elle peut faire émerger. Comment l’histoire de la violence coloniale, traversée de non-dits et de silence, peut-elle aujourd’hui faire surgir de nouvelles subjectivités tant au Burkina Faso qu’en France ? Quel peut être le rôle des artistes et des chercheurs pour faire advenir ces nouvelles dynamiques mémorielles ? Comment le corps constitue une archive vivante capable de soutenir l’élaboration de récits contemporains sur le passé colonial ? Comment, à travers la réception d’un spectacle, peut-on stimuler la production de mémoires plurielles ?

Dans le cadre de ce cycle de séminaire, nous souhaitons ouvrir un espace de discussion en invitant des artistes et des chercheur·ses plongés dans des processus de recherche et/ou de création qui raisonne avec ce projet. Chaque séance sera l’occasion de se focaliser sur un projet de recherche et/ou création singulier, de le mettre en regard avec Bani-Volta afin de déplier une à une certaines des thématiques du projet.

Programme

Vendredi 10 octobre 2025, de 18h à 19h30

• Séance 1- Guerre du Bani Volta : une mémoire dansée
  Projection-débat organisée dans le cadre de la Fête de la science

Guerre du Bani Volta : une mémoire dansée est un projet de série documentaire réalisée par Sarah Bouyain sur une recherche-création chorégraphique autour de la guerre du Bani-Volta, une guerre anticoloniale méconnue qui se déroula en Haute-Volta (actuel Burkina Faso) de 1915 à 1916. Cette recherche-création est menée par des chercheur·e·s en sciences humaines et sociales, un chorégraphe et des danseur·ses. Le documentaire interroge la place que peut tenir la création artistique dans la transmission d’une mémoire coloniale mise sous silence. L’art peut-il prendre le relais des livres et essayer à son tour de transmettre des connaissances en empruntant d’autres voies ?

La projection d’un extrait de la série (40 minutes) sera suivie d’une discussion avec Sarah Bouyain et les membres du projet Bani-Volta : Bienvenue Bazié (Compagne Auguste Bienvenu), Jean-Bernard Ouédraogo (EHESS, LAP), Isabelle Launay (université Paris 8, MUSIDANSE), Sarah Andrieu (université Côte d’Azur, URMIS) et Sandra Nogry (université Paris 8, MUSIDANSE).

Vendredi 17 octobre 2025, de 10h à 13h

• Séance 2 – Filmer/documenter des mémoires postcoloniales
  avec Sarah Bouyain (réalisatrice et écrivaine) et Maïa Ghattas (géographe et réalisatrice)

Qu’est-ce que le documentaire peut restituer de la mémoire postcoloniale ? Quel point de vue adopte Sarah Bouyain réalisatrice de la série Guerre du Bani Volta : une mémoire dansée pour filmer/documenter le processus de recherche-création autour de cette guerre coloniale ? Dans un autre contexte national et historique, celui du Cameroun et ses luttes d’indépendance, la géographe et cinéaste Maïa Ghattas, co-réalise avec un groupe d’artiste le film Kundé qui interroge la place de certains artistes dans le réémergence de cette mémoire occultée. La projection de ce film ouvrira les échanges entre réalisatrices et chercheur·ses sur la question de la « documentation » des mémoires (post)coloniales aujourd’hui.

Vendredi 24 octobre 2025, de 10h à 13h, à la MSH Paris Nord (amphithéâtre)

• Séance 3 – Postmémoires et dialogues artistes chercheurs
  avec Sarah Andrieu (anthropologue de la danse) et Isabelle Launay (chercheuse en danse)

Vendredi 7 novembre 2025, de 10h à 13h, à la MSH Paris Nord (amphithéâtre)

• Séance 4 – Mémoires orales et dramaturgies
  Laure Louvat, Jean-Baptiste Evette (membre du collectifs les Grandes Personnes d’Aubervilliers) et Bernard Müller (anthropologue et dramaturge)

Informations pratiques

• les vendredis 10, 17, 24 octobre et 7 novembre 2025
• à la MSH Paris Nord
• ouvert à tous·tes

Partenaires du projet Bani-Volta : Compagnie Auguste-Bienvenue, Chaillot Théâtre national de la danse, MUSIDANSE, URMIS, LAP, Programme Point Sud, IUF

Un projet de recherche qui bénéficie du soutien de la MSH Paris Nord dans le cadre de son appel à projets annuel.