SociologieS | Penser le capitalisme académique par la production de ses marges

Plongeons, avec Natacha Chetcuti-Osorovitz et Cynthia Colmellere, dans les arcanes du monde universitaire, côté sombre. Penser le capitalisme par la production de ses marges, c’est ici analyser de telles marges à travers le regard des actrices les plus fragilisées devant les exigences et standards du capitalisme académique, les femmes. Quatre autrices, quatre chercheures acceptent de revenir, par un effet de réflexivité critique, sur leur parcours académique. L’analyse est située et se mêle au récit biographique pour tâcher de ressaisir des trajectoires universitaires souvent heurtées, empêchées, compliquées par les rapports sociaux de genre, de classe et le choix de disciplines et d’objets d’études jugés d’importance mineure. Stratégies de contournement, négociations, solidarités mais aussi compromis sont alors mis en place par ces chercheures pour s’accommoder du capitalisme académique.

Détail des contributions

Sociologue et directrice d’études, Rose-Marie Lagrave est ce que l’on appelle une transfuge de classe. À rebours du roman méritocratique, elle montre, à travers son parcours, combien la mobilité sociale, économique, académique résulte en réalité de la mobilisation collective constante d’une pluralité d’acteur·rices. Cynthia Colmellere analyse quant à elle les accommodements qu’il est nécessaire de déployer lorsque l’on est sociologue dans une grande école d’ingénieur·es pour non seulement satisfaire aux exigences d’excellence et répondre aux attentes du capitalisme académique, mais aussi y faire reconnaître et y soutenir la place de la sociologie et des sciences humaines et sociales. Sandrine Sanos examine les stratégies de contournement qu’elle a dû développer afin de faire face aux logiques d’euphémisation institutionnelle à l’œuvre dans une université états-unienne et visant à invisibiliser les discriminations de genre et les violences sexuelles qui y adviennent. Enfin, Camille Boutron fait retour sur l’expérience de mobilité géographique et épistémique à laquelle elle a été condamnée en tant que chercheure féministe, et examine les contorsions et les compromis, mais aussi les résistances, qui ont jalonné son parcours.

Trois articles viennent également nourrir la rubrique Théories et recherche. Deux grands résumés alimentent aussi cette livraison. Enfin, Frederico Ágoas nous invite à découvrir/redécouvrir un texte d’Hermínio Martins publié en 1971.


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