Dépasser la tension éthique de la césarienne sur demande maternelle

de Clémence Schantz, Marie Lhotte et Anne-Charlotte Pantelias, publié dans Santé Publique 2020/5-6 (Vol. 32), pages 497 à 505

Introduction : Dans un contexte juridique centré sur le droit et l’autonomie de la patiente, certaines femmes souhaitent pouvoir choisir leur mode d’accouchement. Les sages-femmes étant les actrices de premier recours des femmes enceintes avec une grossesse physiologique, nous avons voulu savoir s’il était, pour elles, éthiquement recevable d’accompagner une femme dans sa décision de césarienne.

Méthode : Cette enquête est une étude ancillaire du programme de recherche CESARIA validé par le Comité de Protection des Personnes Sud Méditerranée IV et déclaré au CNIL. Trente-sept entretiens semi-directifs ont été réalisés auprès de sages-femmes et de femmes.

Résultats : La majorité des femmes et des sages-femmes partagent une vision de l’accouchement comme « naturel » et considèrent la demande de césarienne comme relevant de la déviance. Lorsqu’elle est formulée, cette demande place les sages-femmes dans une situation de tension éthique. D’une part, les sages-femmes souhaitent orienter les femmes vers l’accouchement par voie basse qu’elles considèrent comme étant la norme, et ce choix incarne les principes éthiques de bienfaisance et de non-malfaisance. D’autre part, les sages-femmes expriment vouloir respecter le choix et la liberté des patientes, illustrant le principe éthique de respect de l’autonomie.

Conclusion : L’enjeu éthique de la césarienne sur demande ne se situe pas tant dans la décision d’accepter ou non une césarienne, mais plutôt dans l’écoute de cette demande. Prendre en considération une indication médicale plus largement que la simple indication obstétricale permet d’accompagner de manière éthique ces demandes, dans le respect de l’autonomie de la femme enceinte.

>> consulter l’article en ligne sur
https://www.cairn.info/revue-corps-et-psychisme-2016-1-page-59.htm

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