Filigrane. Musique, esthétique, sciences, société

Le n°23 est en ligne / Issue 23 is online:
L’éthique de la musique et du son / The Ethics of Music and Sound

Le son accompagne aujourd’hui la vie des hommes comme il ne l’a jamais fait auparavant : du fait de la généralisation des moyens de reproduction sonore, notre environnement sonore s’est considérablement accru, pour le meilleur comme pour le pire. De même, dans la musique, la dimension proprement sonore est devenue – à travers les questions du timbre, du bruit ou de l’espace et du lieu, et grâce au développement intense des technologies du son – la dimension première du musicien, compositeur ou interprète, ainsi que de l’auditeur. C’est pourquoi les musiciens et les artistes sonores, tout comme les musicologues, les anthropologues, les sociologues, les philosophes… de la musique développent une nouvelle conscience du son, de sa présence accrue ainsi que des implications de cette présence. Il est notamment question de la force et de l’impact du son sur l’environnement naturel, sur le milieu social ainsi que sur l’individu – tant sur son corps que sur son psychisme. Cette prise de conscience oriente les recherches vers une éthique du son et de la responsabilité de l’artiste. On pourra penser à l’utilisation de la musique et du son dans la vie quotidienne : à leurs usages thérapeutiques, mais aussi à la pollution sonore ou au lavage de cerveau des environnements sonores artificiels (publicités, environnements virtuels…). On pensera également aux situations extrêmes : utilisation de la musique et du son à des fins de torture, bombes sonores… Bien entendu, la question se pose avec tout autant de force dans les projets artistiques mêmes. Force de subjectivation, de construction du sujet, le son peut tout autant être mis au service de la désubjectivation, de la dissolution du sujet. Il est donc important que les acteurs de la musique et des arts sonores en prennent conscience et développent ce débat éthique.

>> consulter la revue en ligne http://revues.mshparisnord.org/filigrane/index.php?id=856

Nowadays, sound accompanies people’s lives as never before. As a result of widespread means of sound reproduction, our sonic environment has vastly increased, for better or for worse. Likewise, music’s strictly sound dimension – through questions of timbre, noise, space and location, and due to intensive development of sound technologies – has come to the foreground for musicians, composers and performers, as well as for the listener. For this reason, musicians and sound artists, along with musicologists, anthropologists, sociologists, and philosophers (etc.) of music are developing a new awareness of sound, of its increased presence, and the implications of this presence. The underlying issue is the force and impact of sound on the natural environment, on the social milieu, and on the individual’s body and psyche. This growing awareness is steering research towards an ethics of sound, and the artist’s responsibility. Examples include the use of music and sound in daily life, from therapeutic applications to sound pollution or brainwashing by artificial sonic environments (advertising, virtual environments…). Extreme situations also come to mind, such as the use of music and sound for torturing, or such as sonic bombs… It goes without saying that the question is just as pertinent regarding artistic projects. As a powerful factor in subjectification, i.e. the construction of the subject, sound can be equally harnessed for desubjectification, the dissolution of the subject. It is therefore important that players in the realm of music and sound arts tackle and develop this ethical debate.  

Articles de / Articles by Gustavo Celedón – Cristian Galarce, Katia Chornik, Nicolas-Gauthier-Rahman, Scott Gleason, Kostas Paparrigopoulos, Carmen Pardo Salgado, Alejandro Reyna, Makis Solomos, Luis Velasco-Pufleau, Juliette Volcler, Riccardo Wanke, Hildegard Westerkamp

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