Publication SociologieS

Livraison du numéro de décembre 2022

Du neuf à SociologieS. Après de longues négociations entre l’Institut des sciences humaines et sociales du Centre national de la recherche scientifique français, la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord et l’Association internationale des sociologues de langue française, une heureuse nouvelle est tombée. SociologieS est désormais une revue réalisée par le pôle éditorial de la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord.

Dans la rubrique « Premiers textes », Sebastián Pizaro Erazo se penche sur les politiques des modes de garde de l’enfant pour comprendre comment des mesures dites « universelles », « égalitaires » et « women friendly » reproduisent et renforcent les inégalités sociales.

« Théories et recherches »accueille deux articles ; dans le premier, Marc Perrenoud, Carole Christe, Marylou Cler et Roberto Torres croisent trois cas d’entrepreneurs de culture et nous proposent de saisir en quoi, biographie sociale à l’appui, leur parcours de vie et leurs propriétés sociales ont participé à orienter les conventions des mondes de l’art dans lesquels ils circulent et à peser dans le champ artistique international, tant en termes d’organisation, d’esthétique que de styles de vie. Le second, porté par Youssoupha Tall, Sylvain Landry Birane Faye, Veronica Mitroï, Tidiane Ndoye, José Frédéric Deroubaix et Ibrahima Dia, s’intéresse aux mobilisations locales environnementales au Sénégal. Les auteur·es apportent une attention particulière aux« mobilisations à bas bruits », développées en marge des dispositifs institutionnels, portées par des acteurs intermédiaires aux motivations plurielles, et ce autour de trois types de registres de justification, sanitaire, économique et écologique.

Dans la rubrique « La recherche en actes », Hervé Glevarec et Raphaël Nowak reviennent sur une enquête française autour des pratiques culturelles en se penchant plus spécifiquement sur les réponses à une question ouverte sur le type préféré de musique. Ils nous proposent une réflexion méthodologique et analytique sur les catégories du goût musical des Français, en soulignant notamment les effets de la forme de la question (fermée ou ouverte) sur la réponse livrée.

Enfin,« Grands Résumés » offre une plongée dans les émotions avec Louis Quéré à partir de son ouvrage La Fabrique des émotions qui nous invite à regarder de plus près le caractère socialisé des émotions et, dès lors, à retourner la tentation d’une explication biologisée de ces dernières. L’auteur nous propose ensuite des arguments pour dépasser le clivage raison-émotions. Les textes en écho de Samuel Lezé (également responsable à la MSH Paris Nord du thème de recherche « Dire la santé mentale aujourd’hui » ) et d’Arnaud Halloy discutent la théorie sous-jacente des habitudes émotionnelles et s’arrêtent sur ce qui peut bien faire qu’une émotion collective puisse exister. Autre plongée, tout aussi émotionnelle ou presque, celle à laquelle Éric Gagnon nous convie en synthétisant les lignes de force de son ouvrage Les Signes du monde. Une ethnographie des centres d’hébergement dans lequel il s’interroge sur les médiations symboliques qui font notre être au monde et que la logique d’accueil des centres d’hébergement participe à effilocher alors même que, paradoxalement, les soins, au sens large, pourtant de plus en plus encadrés, s’emploient à maintenir. Les textes de discussion de Fabrizio Cantelli et de Julien Simard s’attachent à mettre en perspective le triptyque finitude, altérité et personne au cœur de l’enquête d’Éric Gagnon et la dichotomie forte qu’il dégage, fortement clivée valoriellement, entre le soin, par nature bon et soucieux d’autrui, et l’organisation, forcément critiquable car soucieuse uniquement de rationalisation.